Elle est où la gare ? [Yuyu]

Le vacarme incessant d’un train en marche réveilla la pauvre Hiketsu, assoupie entre deux sacs de farine. Depuis quand les trains passaient si près de son nid douillet, sur un toit d’une bicoque abandonnée ? A moins qu’ils aient changé les railles de place au cours de la journée, mais elle était pourtant sûre qu'en partant ce matin pour aller se chercher de la nourriture, le coin était encore paumé et aucun train ne circulait à moins de trente minutes de marche. C’était pour le moins étrange. Et ce n’était pas fini. En effet, quand l’ishbale se releva, elle dût bien avouer : on lui avait volé tous les coussins qu’elle avait elle même dérobé. La jeunette n’aimait déjà pas qu’on s’en prenne à son terrain de chasse, mais si en plus on venait la voler elle, rien n’allait plus.

Poussant divers juron, Hiketsu observa sur quoi elle avait dormi toute la nuit. Pourquoi si on l’avait vraiment volé, aurait-on mit des sacs de farine à la place ? Assise en tailleur en face des pièces à convictions, elle tentait de comprendre le pourquoi du comment. En vain. C’était tout bonnement illogique. Après un long moment de silence, la brunette sursauta. Mais était ce réellement elle qui avait sursauté ? Ou plutôt le train dans lequel elle se tenait ? Écarquillant les yeux, l’ishbale fit le tours du wagon tout en se remémorant les derniers instants avant sa nuit. Elle avait volé le collier d’une vieille, quelques patates et des habits. Elle avait ainsi troqué son grand chapeau noir contre trois roses blanches, sa longue tunique contre une robe à volant blanche, ses bottes noirs contre des blanches. Ainsi vêtu, Hiketsu passait plus facilement inaperçu, même si pour être à cent pour cent invisible, il aurait fallut qu’elle change sa peau de couleur ainsi que son œil. D’ailleurs, où était passé son bandeau ? Ah oui, échangé avec des bandages.

Le train s’arrêta brutalement, faisant tomber à la renverse Hiketsu qui fit plus ample connaissance avec le bois miteux du wagon. L’odeur de pourriture qui émanait des planches de bois, piqua le nez d’Hiketsu qui ne put s’empêcher de lâcher des jurons. Elle finit par se relever en vitesse. Elle avait intérêt à partir vite, si quelqu’un la trouvait là, ça risquait de mal se passer. Surtout qu’il était impossible de se souvenir si elle avait eut aussi la bonne idée de changer sa dague contre un objet inutile. Une fois qu’elle fut sûre que le train fut arrêté, Hiketsu passa par la trappe du toit, d’ici elle pourrait facilement savoir où elle était arrivé et trouver une sortie.

Sur le toit, la foule qui se pressait dans tous les sens l’empêcha de distinguer quoique ce soit. Grognant de rage, Hiketsu fit deux trois cabrioles pour se retrouver parmi les passants. Rien qu’à l’idée qu’elle ai put quitter Central, l’ishbale frémissait de rage, elle détestait se retrouver dans un endroit qu’elle ne connaissait pas car elle était pratiquement sûre de se perdre. Et se retrouver en plus écrasé entre les personnes pressées qui désirait quitter la gare au plus vite l'agaçait encore plus. Soupirant une, deux, trois fois, Hiketsu se faufila pour quitter la gare en vitesse. Rhaa, voir autant de monde l’exaspérait. Nan mais quelle idée franchement, de prendre le train en même temps qu’elle ? Bon d’accord, pour Hiketsu ce n’était pas prévu dans le programme, mais ce n’était pas une raison.

Quand elle fut enfin dans la rue, rien ne l’aida à trouver où elle avait put tomber. Surtout qu’en plus, elle ne savait même pas lire, ce qui n’était décidément pas pratique. Bon, puisque qu’elle était ici, autant visiter, et puis, elle trouverait peut-être quelque chose à voler, sait-on jamais. Par contre, elle allait devoir éviter les ruelles principales, elles devaient sûrement grouiller de militaire, et s’était bien la dernière chose sur laquelle Hiketsu désirait tomber.

Une ruelle à droite, deux rue à gauche, à l’intersection on va tout droit. Bon d’accord, elle était paumée. Hiketsu avait sûrement marché plus que prévu, volant une pomme au passage, avec l’impossibilité de retrouver son chemin tant les routes se ressemblait. Ba voila, maintenant fallait qu’elle aborde quelqu’un pour retrouver la gare, s’était malin ça. A la base, demander son chemin ce n’est pas gênant, mais quand on possède une peau matte et un œil rouge et qu’on est recherché par la police pour qu’on vous extermine, s’était déjà plus embêtant. Mais rester ici... hors de question, suffisait de trouver un gamin, soit il aurait peur et s’enfuirait, soit il lui donnerait ce qu’elle désirait. Ou soit il appellerait la police. Ba, dans ce cas là, elle n’aurait qu’à s’enfuir en passant par les toits, le gamin ne tenterait sûrement pas de la suivre.

En même temps qu’elle réfléchissait à comment monter sur les toits rapidement, elle aperçut un gamin un peu plus loin. De là où elle était, il semblait suffisamment petit. Très bien, elle n’avait même pas besoin de chercher.

-Hey le nain ! Tout en s’approchant, Hiketsu réalisa que le dit nain n’était pas si nain, en tout cas, il était toujours plus grand qu’elle. T’peux m’dire où on est ? Et m’indiquer le chemin de la gare aussi ?

Bon bien sûr, compter pas sur un « S’il vous plait ». Hiketsu se trouvait maintenant derrière lui. Elle se tenait les bras croisés, attendant en tapant du pied par terre sa réponse.

La haine. Le mal. L'horreur du monde. Toutes ces choses que l'on faisait sans regret ne serait-ce que minime. On y prenait même plaisir par moments. L'Homme avait des limites et il le savait... notamment des limites de patience. À ce niveau-là, Yuki était très limité. Il le savait. Mais il s'en foutait. La haine... il en éprouvait tellement, de la haine... il aurait pu détruire une maison, tuer quelqu'un, hurler dans toute la ville comme un dégénéré, bref. Quel était le but de sa venue en ces lieux ? Une sale mission. Une vulgaire et très chiante mission. Mais ce n'était pas cette mission en elle-même qui lui pompait les nerfs, non, tout ce qui expliquait cette mauvaise humeur conséquente était la raison pour laquelle il devait se farcir cette mission. Une raison tellement significative pourtant. Il fallait bien ça s'il ne voulait pas mourir dans d'atroces souffrances, subissant la colère infernale de Mercade. Les sévices causés à son antre étaient irréparables, ainsi, le meilleur moyen de s'en laver les mains pour Roméo et lui avait été d'accuser un visiteur anodin qui ne faisait que ramener innocemment son rapport de mission. La pauvre victime était dans une sale situation maintenant. Mais pourquoi ne pas abuser de son pouvoir lorsqu'on en a l'occasion ? C'est beau d'être haut gradé, Dieu sait combien de militaires faisaient de l'abus de pouvoir en ce bas monde. Amestris n'était vraisemblablement pas en sécurité avec des autorités pareilles.

Yuki avait un problème. Un très gros problème même. Pour faire simple, il l'avait en permanence ce foutu problème. Commençons par le commencement, voulez-vous. Suite à l'arrivée du retardataire, l'équipe de choc s'était rendue à Lior afin de faire un peu de ménage. Il n'avait pas vraiment écouté le but de la mission en vérité, il avait préféré rattraper sa nuit et dormir dans le train. De toute façon, ce que disait Roméo n'était guère plus intéressant que de parler avec les barreaux d'une prison. Et se promener dans le désert, qu'en dites-vous ? Il avait une sainte horreur de ça. C'était d'un ennui mortel. Regarder Milovan être forcé à se travestir et se faire engueuler par l'autre bouffon parce qu'il ne savait pas tenir convenablement sur des talons aiguilles, c'était comique. C'était même à en mourir de rire. Comment voulez-vous qu'il marche correctement en talons aiguilles sur du sable brûlant ? D'un côté, Roméo y arrivait, mais lui, on ne peut pas dire qu'il soit normal. Non, cette notion était carrément d'une tout autre dimension pour lui. Il se prenait peut-être pour un prince mais Yuki ne le voyait pas de cet oeil-là... s'il avait pu lui en foutre une dès le départ, il l'aurait fait sans le moindre doute. Sans parler de Sullivan qui se croyait déjà en vacance au soleil sur une belle plage... ce qu'on ne trouvait pas à Amestris... il fallait aller dans un autre pays pour pouvoir faire bronzette à proximité de la mer. Bref, c'était une petite bande de tarés en somme. Et on ne peut pas dire que la chaleur caniculaire du désert était un climat favorable. Avec quelques neurones grillés, une mauvaise humeur tout ce qu'il y a de plus évident et un élan de haine, il avait prit le panier rempli de pommes douteuses des mains de Roméo et l'avait gentiment assommé avec. Résultats des courses ? Roméo étant le seul à savoir lire une carte (voyez l'intelligence débordante de l'armée) les trois abrutis encore conscients s'étaient perdu en plein désert. Non loin de Lior, par chance. Mais ils s'étaient séparés chacun, acte idiot de leur part. Et voilà où nous en sommes. Yuki était perdu dans Lior. Et comment remplir la mission, même seul, alors qu'il ne savait même pas sur quoi elle portait ? La mission était déjà foirée avant même qu'elle ne soit commencée.

Il y avait beaucoup de militaires par ici. Conséquence de ce qu'il s'était passé dans cette ville précédemment. Ils grouillaient de partout comme dans une fourmilière. Avec ça, amusez-vous bien à en retrouver deux autres, même s'ils ne passaient pas vraiment inaperçu... ils s'étaient habillés en civils pour être les plus discrets possibles mais on ne voyait pas vraiment l'effort... Yuki était quand même le seul à être un minimum discret. De toute façon, il ne portait jamais la tenue des militaires, il s'était donc habillé comme d'habitude. Simplement. Mais malgré ça, il ne tenait pas à être reconnu des autres militaires, qui avaient tous un grade inférieur au sien, parce que les garde-à-vous et les courbettes inutiles n'étaient pas les bienvenus aujourd'hui.

Il avait faim. C'était quelque chose de permanent chez lui. Il était assez rare qu'il soit complètement repu, même après un repas de roi agrandi mille fois à l'échelle de richter. Il n'avait pas un estomac mais un trou noir, qui aspirait tout avec avidité, tout sans exception. Il lui était déjà arrivé d'avaler des objets non comestibles en toute connaissance de cause et pour son bon plaisir. Enfin on ne peut pas lui en vouloir. Mais là, une bonne brochette de takoyaki n'aurait pas été de refus après cette longue marche dans le désert. Il y avait très peu de commerçants dans le coin. La ville était un peu sens dessus dessous, en même temps. Il ne prenait même pas la peine d'inspecter l'état des lieux, il préférait encore vagabonder dans ce dédale interminable de ruelles. Il n'avait pas tellement le choix de toute façon. L'idéal serait de retrouver la gare et de se barrer à l'anglaise vers Central City. Là-bas il était plus tranquille et il connaissait mieux l'endroit, même si cela ne l'empêchait pas de se perdre à chaque fois qu'il sortait du QG pour une petite mission ou une course quelconque à faire pour Mercade.

Une voix. Une voix féminine le transperça de parts en parts en l'espace d'une fraction de seconde. Comme si on venait de lui tirer trois balles de sniper en plein dans le ventre. Le nain. Ce mot qu'il haïssait, qu'il méprisait, qu'il rechignait. Et il savait parfaitement que cela lui était destiné. Non, il ne se sentait absolument pas visé, sauf qu'à force, il était habitué à ce qu'on lui gueule ce mot allègrement et avec pour seul et unique but de le foutre en rogne. Yuki n'était pas vraiment petit, en fait. Seulement, il se trouve qu'il était assez jeune pour son grade et que la plupart des militaires, pour ne pas dire la totalité, étaient plus grands que lui. Même les femmes le dépassaient en taille. C'était pour ça qu'après le larbin de Mercade, il était connu pour être le militaire le plus petit de l'armée... jusqu'à ce qu'un certain Fullmetal Alchemist, Edward Elric, le détrône en ce qui concerne la petite taille, niark. Mais il restait le plus persécuté à ce niveau, bien que, comme je l'ai dit, il n'était pas si petit que ça au bout du compte. Au contraire.

La fille lui demanda de lui indiquer où ils se trouvaient, ainsi que de lui donner le chemin de la gare. Tout ceci prononcé avec autant d'amabilité qu'en possède une barre de fer. De toute façon Yuki n'en savait pas plus qu'elle, elle n'avait pas chopé la meilleure personne à qui demander ça. Elle tapait du pied nonchalamment pour démontrer clairement son impatience et son manque de respect envers la personne à qui elle s'adressait. Elle était derrière lui. Il se retourna et, exactement au même moment, sans même calculer qu'il s'agissait d'une fille (et qu'on tape pas les filles) son poing la frappa en pleine poire, sans la moindre modération.

« Tu peux répéter ça ?! »

Il la dévisagea avec un air mauvais. Une peau au teint mat, des yeux rouges. La première chose à laquelle il pensa en voyant ces yeux, c'était Road. Son grand frère qu'il n'avait pas vu depuis si longtemps. Lui aussi avait des yeux rouges sanglants, bien qu'il n'y ait pas une seule goutte de sang ishbal qui coule dans ses veines. On s'était toujours demandé pourquoi ses yeux avaient cette couleur d'ailleurs. Pour certains, c'était un mauvais présage. Pour d'autres un manque de chance conséquent. Et les derniers, comme Yuki par exemple, s'en foutaient et le considéraient comme quelqu'un de normal. Bien qu'il ne l'était pas vraiment, au final. Bref. Des exceptions comme Road, il y en avait peu. Elles étaient même inexistantes. Conclusion : c'était une fille ishbale qu'il avait devant les yeux. Sa pupille régressa dans son oeil. Il se serait attendu à tout sauf à ça. Il continua de la toiser froidement. Brusquement, il agressa le premier venu en l'attrapant par le col d'un geste violent, le faisant sursauter. Comme par hasard, il s'agissait d'un militaire, hoho, comme c'est charmant. Et pas très haut gradé par ailleurs. Il était quoi déjà lui, sous-lieutenant, un truc comme ça ? Voire simple soldat. En fait, Yuki s'en foutait.

« C...calmez-vous, Colonel !
- Toi, tu peux pas te rendre utile en expliquant à cette idiote la politesse en quelques mots ?! »

Encore un peu et il lui crachait à la figure. Yuki il ne fallait pas le contrarier, sinon c'est ce qui arrivait. Il fallait subir sa mauvaise humeur insupportable. Pas pire que celle de son frère, certes, mais pas très agréable quand même. Avec un air grognon, il en revint à la fille qu'il venait de frapper pour l'insulte qu'elle avait prononcé à son égard, lui expliquant gentiment qu'elle était de trop ici.

« Nous sommes à Lior. Et les Ishbals n'ont rien à faire là, surtout après le bordel monstrueux qui a été foutu ici. »

Ainsi que le passage de Scar. En l'occurrence, les Ishbals n'étaient les bienvenus nulle part, mais Lior, c'était le dernier endroit où ils auraient envie de se réfugier. C'est un fait.

Et voilà, c’est toujours quand on essayait d’être un minimum poli qu’on s’en prenait plein la poire. Et s’était le cas de le dire. Bon d’accord, les manières d’Hiketsu laissaient à désirer, mais pas au point de la frapper non ? Ok Hiketsu n’était pas le parfait modèle de la jeune et jolie fille parfaite et elle n’avait aucune leçon à donner aux gens mais lui, on lui avait pas appris à pas frapper les filles ? C’était peut-être une Ishbale, mais elle restait une fille. Une pauvre fille sans défense. Une pauvre fille sans défense qui eut juste le temps de se reculer pour ne pas se prendre le coup trop fort. Suffisamment fort pour la mettre par terre et lui faire saigner le nez par contre.

D’un geste nonchalant, elle s’essuya du revers de la main le sang qui coulait. Elle lui renvoya un même regard noir tandis qu’elle se relevait. Elle ne prit même pas la peine de l’écouter et s’activa à nettoyer du mieux qu’elle pouvait sa robe. Franchement, elle l’avait volé hier, et elle était déjà sale. Hiketsu vivait peut-être dans la rue, mais c’était pas une raison pour ne pas aimer être propre. Après avoir vécu quelques années dans une maison, à pouvoir se laver autant qu’elle voulait, basculer ainsi dans un univers ou pouvoir se lever tenait du luxe, le changement était tout de même flagrant. Mais à ça aussi elle était habituée, même si son bidonville était placé au bord d’une rivière, elle était bien trop occupé pour se laver.

Même si Hiketsu savait que la question du garçon était purement oratoire et qu’il n’attendait pas qu’elle lui répète ce qu’elle venait de dire, l’ishbale ne put s’empêcher de lui répondre. Ba, c’était plus fort qu’elle. C’était pas vraiment de l’insolence, plus un jeu. Oui c’est exactement ça, tout ça amusait Hiketsu. Peut-être pas le coup en pleine poire, mais voir s’énerver les gens l’avaient toujours distrait. Ainsi, elle détacha chaque syllabe de ce qu’elle lui avait demandé, tout en souriant. Cette fois-ci, elle était prête à esquiver.

-Hey le nain ! T’peux m’dire où on est ? Et m’indiquer le chemin de la gare aussi ?

Elle lui fit son plus beau sourire, même s’il n’égalait pas celui d’Alice, et fit un pas sur le côté. Uniquement pour savoir si elle avait eut l’idiotie d’échanger sa dague, aussi fut-elle quelque peu rassurée de voir que sa dague l’accompagnait toujours. Au moment où elle allait sortir un pavé d’idiotie sans intérêt, une autre personne fit irruption et subit la colère du jeune garçon. Tiens donc, il était colonel, lui ? S’te bonne blague, Hiketsu n’arriverait vraiment pas à y croire, c’est d’ailleurs à cause de ça qu’elle éclata de rire et qu’elle ne releva pas la dernière phrase du « colonel ».

-Me voilà donc tombé sur un militaire, Colonel qui plus est. C’pas mon jour de chance.En se tournant vers l’autre gaillard. Et toi t’es quoi ? Tu devrais pas être plus gradé ? T’es plus grand qu’lui pourtant ?

Non non, Hiketsu n’enfonçait pas le clou, elle n’était pas maso non plus. Juste inconsciente. Une inconscience qui allait lui valoir de sérieux problème. Surtout que, sa chance partie, elle n’avait pas songé une seule seconde que le colonel pouvait être alchimiste d’état. Ah si c’est bon, l’idée lui effleura l’esprit, mais pas suffisamment longtemps pour échafauder un plan de fuite. La seule chose à laquelle elle pensa fut l’ishbale qui avait réussi à envoyer à l’hôpital la célèbre et très reconnu Mercade. Sur ce coup, cette fille avait fait fort, et Hiketsu comptait bien la trouver pour discuter. Ça pourrait toujours être enrichissant. L'ishbale balayeuse d'alchimiste devrait aussi écrire un livre pour les Ishbals « Comment envoyer les Alchimistes d’état dans le mur pour les nuls » Bien sûr, le bouquin serait rapidement interdit à la vente et ne servirait strictement à rien pour une analphabète comme Hiketsu mais ce n’était pas la seule Ishbal. Y avait l’autre aussi, le violent qui tuait tous les alchimistes. Enfin lui s’était un cas à part, elle avait entendu dire qu’il utilisait une sorte d’alchimie bizarroïde. De l’alchimie venant d’un ishbal... Hérésie. Mais bon, si ça lui servait pour zigouiller les alchimistes d’état, why not hein.

-Ba, j’y suis pour rien moi '___' Z’allez pas m’accuser non plus. J’suis qu’une pauvre ishbale sans défense qui cherche juste à survivre parmi vous autre, sauvage.

Elle avait mentit c’est vrai. Ce n’était pas qu’une pauvre ishbale sans défense. Son mensonge prit fin rapidement quand l’autre abrutit de soldat s’approcha d’elle. Halte là, bas les pattes on m’touche pas. Le pauvre n’eut même pas le temps de poser sa vilaine main sur elle que celle-ci était déjà collé au mur, une dague en son centre. Bien sûr, il ne put s’empêcher de crier. Mais c’était quoi ça ? Des hommes ? Pas possible.

-Tcheuh, t’es sûr d’être un homme ?

D’un geste brusque, elle avait retiré la dague et essuyait le sang sur la veste de l’homme qui se tordait de douleur. Elle lui avait seulement planté une dague dans la main, c’était pas la mer à boire non plus. Hoo, et si on lui abrégeait ses souffrances hein ? Au moins, le colonel aurait une bonne raison de vouloir la couper en tranche de saucisson. Oui bon, il avait jamais dit qu’il voulait le faire, mais elle était de toute façon pas la bien venu. Autant lui donner une bonne raison. D’un geste vif, elle lui trancha la gorge. Elle aurait put le torturer mais elle n’avait pas le temps pour. Une fois fait, elle essuya encore sa dague sur le pauvre homme mort. Ba, il aurait servi à quelque chose au moins.

-Je suppose que tu n’comptes pas plus me donner le chemin de la gare maintenant.

Comme quoi, même Hiketsu savait être lucide parfois. Même si ça relevait de l’exploit. L’ishbale fit un pas sur le côté en souriant innocemment comme si ce qu’elle venait de faire ne relevait pas du crime. Elle réalisa alors que s’était la première fois qu’elle tuait un homme, p’t-être qu’il avait de la famille qui l’attendait ce soir. Pourquoi elle s’en ferait, personne n’y avait penser à ça, pendant le massacre d’Ishbal quand ils commencèrent à tuer homme et femme. Alors elle allait pas non plus s’apitoyer sur le sort du soldat qui venait de mourir.

-Au fait, j’te dois quelque chose...

Hiketsu se déplaça rapidement pour venir frapper le garçon en plein visage, comme ce qu’il avait fait quelques minutes plus tôt.

-On est quitte maintenant.

Cette journée n'était vraiment pas marrante. Mais alors pas du tout. Et la patience de Môssieur avait ses limites. Non parce que déjà, perdre ses compagnons de mission c'était chiant -ou pas finalement...- mais en plus, se perdre dans Lior, là c'était vraiment irritant. Il avait l'habitude de se perdre, certes, mais ça devenait lassant à un moment donné. En plus, il avait faim. Mais ça, c'était plutôt commun de sa part. Amusez-vous donc à chercher un moment de la journée où il n'a pas faim. C'est très distrayant comme occupation, on peut y passer autant de temps qu'à se casser la tête sur une saleté d'exercice de maths sur les différents morphismes. Par ailleurs, les maths, Yuki détestait ça... tout ce qui touche à la science, ça le répugne, même l'alchimie, il n'aime pas ça. Non parce que l'alchimie a été à l'origine de nombreux meurtres et horribles maux dans tout Amestris, ça, il s'en foutait pour être honnête... de toute façon, alchimie ou pas, il y avait toujours des pertes humains partout. Non, en vérité, il n'avait jamais été très doué dans les sciences, et s'il savait faire beaucoup de choses en alchimie et pas des moindres, ce n'était qu'une coïncidence. Tout comme la loi de la gravité avait été découverte à l'issue d'une simple coïncidence, celle d'une pomme qui tombe d'un arbre. Son talent pour le hasard et la chance inopinée était probablement un de ses grands atouts en tant que militaire. Non parce qu'on se demandait souvent comment un abruti pareil avait pu atterrir au rang de Colonel si rapidement... sans pot-de-vin. De toute façon, il n'est pas assez lucide pour en comprendre le principe.

Par ailleurs, la fille ishbale ne semblait pas convaincue par le fait qu'il soit si haut dans la hiérarchie. Ouaip, on avait tendance à ne pas trop y croire au vu de son apparence. Les gens disaient souvent qu'il avait une gueule d'ange et un aspect de gamin, alors évidemment, quand on fait la comparaison avec les grands militaires hyper baraqués de plus de deux mètres de haut et moins gradés que lui, y a de quoi se poser des questions. Mais bon. Heureusement, il n'était pas non plus le plus persécuté de l'armée, ça le faisait bien rire qu'un gosse d'une quinzaine d'années soit devenu alchimiste d'État. Il ne l'avait jamais vraiment rencontré, ne connaissait pas ses talents, mais c'était quand même fort. Enfin pour l'instant, son seul souci était cette fille ishbale, et éventuellement, l'importunité de retrouver Roméo par totale inadvertance... ça, c'était franchement le pire truc qu'il puisse lui arriver. Il savait déjà que c'était une tapette pour pouvoir se permettre de faire le ménage dans l'antre de Mercade vêtu d'un ravissant habit rose bonbon de ménagère, mais là, c'en était carrément trop. Plus il en était loin, et mieux il se portait. Ceci dit, la présence de cette fille ne l'enchantait pas particulièrement non plus. Après qu'elle se soit relevée, elle se permit avec ironie de reprendre ses paroles en articulant bien chaque mot pour narguer son interlocuteur. Ce dernier l'ignora, avec cependant une envie débordante de l'assommer comme il avait assommé Roméo.

La peste parlait vraiment trop. Et pour dire des conneries en plus. Après l'arrivée du soldat, elle fit une réflexion plutôt déplaisante qui signifiait qu'elle remettait en question ce qu'elle venait d'entendre. Et pourtant, Yuki devina bien vite qu'il s'agissait d'un sarcasme destiné à lui écraser un peu plus les nerfs bien comme il fallait. Et c'était très réussi. Non, la taille des militaires ne définissait pas leur grade. Sans compter que Yuki était plus grand qu'elle. Il la prit de haut en la snobant.

« Tu te prends pour qui toi ? Et t'es pas chez ta grand-mère j'te signale. »

Non mais c'est vrai quoi, on n'est pas là pour prendre le thé et les petits gâteaux.
Le soldat se mit à rire, croyant à une plaisanterie de la part du Colonel, mais il n'était franchement pas d'humeur à plaisanter. Il l'assassina du regard, ayant pour effet de lui faire fermer son clapet presque immédiatement. Il n'avait pas autant de persuasion que Mercade, mais à force de la fréquenter, il devenait de plus en plus effrayant. Il faut dire qu'elle le faisait parfois trimer jusqu'à en faire des nuits blanches pour nettoyer des trucs inexistants dans son bureau et que cela pouvait avoir des répercutions. Une vraie tortionnaire comme on en fait plus, celle-là. Et en plus, sa supérieure avait une arme infaillible contre lui... tata Monique. Il en avait des frissons rien que d'y penser. Mais peu importe. Au fond, même si c'était un monstre détestable et complètement atteint, il se surprenait à l'apprécier. D'une façon un peu étrange. Car il ne faut pas oublier toutes les fois où il avait mis des punaises sur le trône impérial de Mercade -car on peut difficilement appeler ça une chaise. En fait, c'était assez bizarre, mais passons. Je disais donc, cet abruti de soldat qui ne se sentait pas du tout de trop, à tort, ne semblait pas être apprécié de l'Ishbale. D'un côté, un Ishbal qui se met à apprécier un militaire, ça vire vraiment au syndrome de Stockholm.

La fille ishbale prétendit qu'elle était sans défense. Bah, à part Scar, Yuki n'avait entendu parler d'aucun Ishbal vraiment dangereux, donc ça ne l'étonnait pas. Même s'il doutait de ces paroles. Après tout, il y avait eu cet incident avec Mercade qui avait été envoyée dans le mur en limousine par une gamine ishbale. Il ne s'était pas vraiment renseigné sur le sujet, ayant un peu autre chose à penser... si ça se trouve, c'était cette fille. Non, peut-être pas... et ça ne se faisait pas d'accuser sans preuve à l'appui. Il chassa cette idée de son esprit mais n'eût pas le temps d'en placer une qu'il vit le soldat s'approcher de la fille. Bon, jusque là, rien de bien suspect hein. Tout se passa assez rapidement. En deux temps, trois mouvements, le soldat se retrouvait avec la main plaquée contre un mur, avec du sang qui s'en écoulait. Yuki renifla avec un air blasé, et grogna lorsque le soldat se mit à hurler. Il fit la grimace, irrité.

« Ta gueule ! Baisse le volume bordel ! »

C'est vrai que quelques décibels en moins ne seraient pas de refus. Franchement, si ce type a mal à ce point à cause d'une dague plantée dans la main, mon dieu, qu'il quitte l'armée sur-le-champ ! Pour une fois, Yuki était entièrement d'accord avec l'Ishable ; il y avait de quoi mettre en doute le fait qu'il soit un homme. Il bâilla, et regarda l'heure sur sa montre d'alchimiste d'État qui avait été changée pendant la soirée de la veille, à cause du petit incident après la rencontre avec Azai. En gros, il se faisait chier. Pendant un moment, il regarda distraitement ailleurs pour montrer clairement à l'Ishbale que ce qu'elle faisait ne l'intéressait pas. Mais il reporta son attention sur elle au moment où elle trancha la gorge du pauvre homme qui, finalement, n'avait rien fait de mal. Peut-être que c'était son unique existence qui était insupportable. Peu importe. Yuki la toisa avec un air indifférent. En bon militaire à peu près normal, il aurait dû se jeter sur la fille pour mettre fin à sa liberté en l'envoyer croupir dans l'une des luxueuses cellules de Central, mais en fait non. La flemme. Et puis il avait trop faim, et quand son estomac hurlait famine avec désespoir, il ne tenait que très peu à bien tenir son rôle. De toute façon, il n'avait aucune compassion pour ce type. La pitié, c'est pour les faibles. Et ça, l'Ishbale l'avait compris elle aussi.

Après avoir terminé son oeuvre d'art, la jeune fille reporta son attention sur Yuki qui était en train de se curer le nez niaisement en observant le spectacle. Elle lui fit passer le fond de sa pensée en supposant qu'il refuserait certainement de lui dire où se trouvait la gare... mais il pouvait difficilement le lui dire, même s'il l'avait voulu.

« De toute façon, j'en sais pas plus que... »

Il fût interrompu par l'Ishbale qui venait de lui annoncer qu'elle lui devait quelque chose. Oh, il savait très bien ce que c'était. Aussitôt, il se prit un pain dans la tronche, il lâcha un gros « Uargh ! » et n'eût pas le temps de réaliser ce qu'il lui arrivait qu'il avait déjà perdu l'équilibre sous la brutalité du coup. Il s'était déjà reçu des coups beaucoup plus forts, mais celui-là avait tout de même réussi à le faire reculer, même si la fille l'avait pris au dépourvu.

« Ah, saloperie... »

Il passa son index sous son nez pour essuyait le sang qui coulait, dévisageant la fille avec un regard haineux. Le pire, c'est qu'elle avait raison. Ils étaient quittes. Ce serait donc pas du jeu de recommencer à la cogner dans la continuité des choses. Il grogna. De toute façon, il avait trop faim et il avait passé une nuit trop courte pour avoir la volonté suffisante pour la frapper encore. Sa montre d'alchimiste d'État dépassait de sa poche, et il ne la remarqua même pas. Alors que d'habitude, il était préférable de ne pas montrer sa montre d'alchimiste d'État à un Ishbal, là, il ne s'en souciait même pas un seul instant. Il commença à avancer vers elle, mais ne prit pas la peine de s'arrêter, non, il passa à côté en la bousculant volontairement, pour finalement lui lâcher une proposition avec cynisme.

« Je te propose qu'on cherche la gare ensemble, étant donné que je ne sais pas non plus où elle se trouve. Mais j'imagine que tu ne me seras pas d'une grande aide, enfin passons... »

Jouant maladroitement avec sa dague, c’est à peine si elle écoutait les paroles du jeune colonel. Ba, ses ongles étaient plus important hein, elle se devait de les garder propres. Ou pas. C’était juste une excuse pour passer le temps, et ne pas l’écouter. Et puis, pour une fois qu’elle pouvait avoir les ongles vraiment propres. C’pas facile de les avoir complètement impeccable quand on passe sa journée dans la rue et à mettre les mains partout pour se chercher de la nourriture –uniquement quand elle n’y arrivait pas, ce qui était rare. Si elle était vraiment une très mauvaise voleuse, ça ferait longtemps qu’elle aurait été arrêtée et exécutée. On laisse pas les Ishbals en vie après tout. Et mine de rien, l’ishbal y tenait malgré tout beaucoup à sa petite vie de mendiante. Bon certes, c’était pas le grand luxe, mais tant qu’on est en vie et qu’on peut manger... Est-ce si important ?

Bon avec tout ça, elle l’avait même pas écouté, le p’tit gars... Mais la vue de la montre d’alchimiste d’état la reconcentra. Au tient, un p’tit bijou à voler. Magnifique, depuis combien de temps déjà espérait-elle voler cette montre ? Ba, quelques années. Fallait maintenant trouver un plan pour la dérober. Son regard examina l’étroite ruelle où elle était et tomba sur la pomme qu’elle avait du lâcher au moment où le gamin l’avait frappé. L’ishlabe se baissa pour la ramasser et croqua dedans. Bon d’accord elle faisait partit de son plan, mais elle avait faim mine de rien. Et puis ce n’était pas en la mangeant un peu que ça empêcherait le plan de fonctionner.

Bwa, il avait un regard vraiment haineux. Elle était ishbale ok, elle l’avait frappé ok, elle l’avait traité de nain ok... Mais étaient-ce des raisons suffisantes pour la regarder ainsi ? Hiketsu répondit à son regard haineux qu’avec un simple sourire moqueur. Fallait rester bien gentille le temps de récupérer cette satanée montre. Alors on sourit l’air de rien pour pas que les gens se posent de question. En général, elle y arrivait plutôt pas mal, et elle pourrait y arriver encore plus si sa peau n’avait pas été aussi mate. D’ailleurs, se mettre de la farine sur le visage serait peut-être la solution. Va falloir essayer de retours à Central, elle pourrait berner encore plus de gens comme ça. Ce qui voudrait dire, encore plus de nourriture, plus de vêtement et plus de sous.

Sa divagation s’arrêta quand il passa à côté d’elle en la bousculant. Il espérait tout de même pas lui faire croire qu’il ne l’avait pas fait exprès quand même. Parce qu’à moins d’être sérieusement atteinte, personne ne pourrait tomber dans le panneau. Etrangement, son sourire se remplaça bien vite par une moue boudeuse et un regard noir. Plus besoin de sourire bêtement puisqu’il ne la regardait même, en plus, elle commençait sérieusement à avoir des crampes aux joues à force de sourire ainsi.

-Wai, p’rquoi pas.

Elle finit par lui emboîter le pas, jouant avec la pomme. Au bout d’un moment, elle le dépassa et se retourna vers lui, un grand sourire sur les lèvres.

-Au fait, t’as qu’que chose qui m’intéresse...


A la fin de sa phrase, elle s’arrêta brusquement pour lui lancer la pomme en pleine tronche, qu’il l’attrape ou non, son regard serait fixé sur le fruit et non sur l’ishbale qui fonçait sur lui récupéré la montre tout en le bousculant pour tenter de lui faire perdre l’équilibre et gagner quelques précieuses secondes. Une fois fait, elle s’agrippa à la gouttière et grimpa sur celle-ci pour atteindre le toit. Aucun toit ne lui résistait ou presque. Y avait bien un toit qui s’était dérobé sous ses pieds pour la faire tomber dans les poubelles, un peu plus bas. Cette fois, il fallait faire vraiment attention, le moindre faux pas et elle risquait de se faire rattraper par le gamin et tabasser.

-Merci bien pour la montre, ça fait longtemps que j’en veux une. J’espère que ça te gène pas si je pars avec... Quoique même si ça te gène... j’m’en vais quand même ♥

Fière de son larcin, elle commença à s’en aller, puis se ravisa et retourna près du bord pour narguer l’alchimiste.

-J’espère que tu vas essayer de la récupérer quand même, ce s’rait pas drôle sinon. Quoique je ne sois pas sûre qu’un nain comme toi pourra me rattraper. Huhu~

Hiketsu avait bien compris que le colonel n’appréciait pas qu’on se moque de sa taille, sa joue endolorie en était la preuve. On ne frappe pas des inconnus sans raison, théoriquement. En parlant d’inconnu, elle venait de se rendre compte qu’elle ne connaissait pas son nom. Ceci dit, elle ne s’était pas présenté non plus... Et puis, ne pas connaître son nom lui donnait une bonne excuse pour le traiter de nain.

Sourire aux lèvres, elle s’écarta du bord et engagea la poursuite sur les toits. Que la course commence !

Mais quel con. Nom de Dieu mais quel con! Faire confiance à une gamine Ishbale était peut-être la pire connerie qu'il aurait pu commettre. Enfin, après avoir dévasté l'antre de Mercade, car ça, c'était la pire des hérésies envisageables, mais inutile de le préciser. Et dire que c'était à cause de ça qu'il se retrouvait dans ce trou paumé... sans compter que ça n'allait rien excuser dans la mesure où il avait perdu ses partenaires de mission et que celle-ci était désormais vouée à l'échec. C'est bien beau d'aller faire une petite mission pour se faire pardonner mais si elle ne réussit pas... ça sert à rien. Enfin au moins, il avait une dette envers ce boulet de Roméo, si ce dernier n'avait pas eu la brillante idée de remettre toute la faute sur le Major Yaroslava, qui sait ce qui lui serait arrivé... déjà que c'était amplement suffisant d'avoir enchaîné les bourdes depuis un petit moment... il avait omis d'arrêter les braqueurs de banque alors qu'il faisait les courses de sa chère et tendre Générale, il mettait le foutoir dans le bureau de cette dernière, il s'égarait lors d'une mission de la plus haute importance... et si maintenant il se faisait faucher sa montre d'alchimiste d'état, c'était un peu la goutte qui faisait déborder le vase. En plus ce n'était pas la première fois qu'il se voyait contraint de la faire remplacer. Il n'y a pas si longtemps, sa montre s'était cassée, broyée par un débris de bâtiment... il y avait eu la fois aussi où un sale clebard avait tenté de l'avaler et qu'il avait réussi, à ses risques et périls bien entendu, puisque ce chien était mort sur le coup. Mais Yuyu avait quand même préféré éviter de trifouiller les entrailles du chien pour retrouver sa montre... bref, tout ça pour dire qu'une ou deux fois ça passe, mais au bout d'un moment... ça devient lassant.

Il fallait voir à quel point l'Ishbale était emballée par la proposition qu'il lui avait faite. "Ouaip pourquoi pas". Mais encore? Il la regarda de travers pendant un petit moment, un sourcil levé. C'est fou comme la nature humaine est étrange. Il lui aurait proposé de la ligoter de la balancer dans une cellule de la jolie prison de Central, elle aurait répondu la même chose? Il était bien tenté de tester, mais s'abstint quand même de le faire. Et comme elle n'avait pas l'air d'être une bête de la baston, il avait baissé sa garde, naturellement... même si elle avait égorgé un soldat sous son nez. Mais allez donc chercher la logique chez Yuyu. De toute façon, il avait beau avoir l'air d'être juste un adolescent précoce, il s'élevait tout de même au grade de Colonel. Donc cette fille n'avait pas intérêt à le chercher. Lui n'était pas vraiment là pour donner des fessées aux enfants pas sages, donc s'il devait se résoudre à le faire, il en serait très embêté. En plus de ça, il n'était pas très informé de la situation actuelle à Lior. Bon, il savait ce qu'il y avait à savoir, mais les détails... rien, nothing, nada. Origines de cette guerre? Qui sait. Chef des opérations? Allez savoir. De toute façon, il s'en contrefoutait. Tant qu'il n'était pas muté à Lior pour telle ou telle raison, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Enfin pour l'instant, il fallait rentrer à Central. Et étrangement, son petit doigt lui disait qu'il était encore loin de pouvoir repartir l'esprit tranquille.

D'un coup, il se passa quelque chose d'étrange. Un truc que Yuyu n'avait pas calculé, ni même envisagé. Sans qu'il ait le temps de réaliser ce qui lui arrivait, il se reçut une pomme sortie de nulle part en pleine face. Il ne bougea même pas, complètement figé. Il n'y eut que sa main qui se leva légèrement pour rattraper la pomme. Une pomme? Mais pourquoi une pomme? Le temps qu'il réfléchisse à cette question complètement inutile, il ne remarqua pas la feinte de l'Ishbale qui le bouscula et s'éloigna rapidement. Sur le moment, il ne comprit pas vraiment la situation et se retourna tranquillement, alors que la fille était montée sur le toit d'un bâtiment en s'agrippant à la gouttière. Un objet brillant luisait à la lumière du soleil... sûrement un métal très brillant, enfin un truc que tenait la morveuse...
Yuki planta ses ongles agressivement dans la pomme qu'il tenait encore lorsqu'il aperçut sa montre d'alchimiste d'état entre les mains de l'Ishbale. Oh. La garce. Il est vrai que ces trucs valaient une fortune. Pire encore, certaines personnes les considéraient comme des trophées. C'était ridicule. Bien sûr qu'il allait essayer de la récupérer. Et non ce n'était pas drôle. Mais pour qui se prenait-elle celle-là? Pour une Ishbale, bon, mais ce n'est pas parce qu'on est rebut de la société qu'on doit s'acharner sur les militaires... ou peut-être que si. Enfin peu importe. De toute façon, ce n'était pas un toit qui allait l'empêcher d'arrêter cette gamine, quelle que soit sa hauteur. Il planta ses dents dans la pomme et la garda comme ça, ne sachant pas où la mettre, puis il croisa ses doigts et les étira, bras tendus. Bon, si elle voulait jouer à ça, alors soyons fou. C'était le moment de sortir la grosse artillerie.

« Nain ou pas, j'aurai à peine besoin de lever le petit doigt pour te rattraper. »

Avec la pomme entre les canines, c'était à moitié compréhensible, mais passons. Surtout qu'en plus, elle avait beau le traiter de nain, elle était carrément plus petite que lui. Les mains en avant, il se concentra un instant sur les atomes de dioxygène présents dans l'air, les comprimant les uns les autres et en grand nombre, avant de lancer une violente onde de choc en direction du toit, pas loin de l'Ishbale. Il fit un pas sur le côté pour éviter un débris qui avait été éjecté vers lui, avant de décider sans raison exacte de balancer une seconde onde de choc. Ben oui, amusons-nous! Bref, avec ça, le toit tomba en miette, soulevant un nuage de poussière qui ne tarda pas à se dissiper. Une main dans la poche de sa veste, Yuki croqua à son tour dans la pomme, qui n'était pas mauvaise en passant. Et dire que cette fille la gâchait pour un piège aussi... bas... et facile à dérouter, en plus de ça. Bah, il s'ennuyait, alors tant qu'à faire, autant apprendre la vie à cette gamine insignifiante.

Avant qu'il n'ait pu repérer où se trouvait l'Ishbale, il remarqua une présence encore inconnue au bataillon et se tourna dans sa direction. Cette personne ne semblait pas faire partie de l'armée, vu sa tenue. Enfin c'est vrai que Yuki ne portait jamais l'uniforme de l'armée, et qu'après avoir vu Mercade partir en mission en robe de soirée, il pouvait s'attendre à tout. Mais bon.

« Hep toi là-bas! »

En vérité, elle n'était pas si loin. Elle était même presque à côté. Le dos tourné. Elle se cachait ou quoi? Une fois tournée, elle s'écria qu'elle était là. D'accord. Yuki la dévisagea, l'air exaspéré. Il avait bien remarqué qu'elle était là. À présent face à elle, il en oublia presque la présence de la voleuse de montre. C'est étrange, ce visage lui rappelait quelque chose. Il était absolument certain de l'avoir déjà vu quelque part... mais où... son cerveau manqua presque de rentrer en surchauffe pendant qu'il y réfléchissait. C'était drôlement énervant d'avoir la chose sur le bout de la langue et ne pas s'en souvenir. Il claqua ses doigts en espérant que ça stimulerait sa mémoire, mais rien à faire. Peut-être qu'il ne l'avait tout simplement jamais rencontré finalement. Par contre au bout d'un moment, il remarqua que cette fille avait des yeux rouges, le teint mat... et pourtant, il était certain qu'elle n'était pas la fille qu'il venait d'envoyer dans les débris. Elle n'avait pas le même air suggestif. Mais tu vas sortir de ma tête saloperie de souvenir?

Par contre, l'Ishbale lui fit une remarque qui le laissa pantois. Il lui rappelait quelqu'un, apparemment. Il arrêta de manger sa pomme au fur et à mesure qu'elle parlait. Même visage que lui, plus grand... yeux rouges. Il y a des trucs qui ne trompent pas, des fois. Mais ça ne pouvait pas être une simple coïncidence. Ce n'était pas possible. Lorsque la fille prononça le prénom de Road, Yuki lâcha sa pomme, bouche bée.

« Tu connais Road toi ? »

Il fit mine de s'en foutre royalement, mais de l'autre côté, c'était trop d'émotion à la fois. Road était tout ce qu'il restait de sa famille, et son modèle depuis toujours, alors évidemment... même s'il avait presque réussi à le détester une fois. Mais finalement, chacun avait fait sa vie de son côté, comme si de rien n'était. Sans qu'ils ne se revoient plus par la suite. Après quatre ans sans nouvelle, qu'une gamine débarque à l'improviste et lui annonce qu'elle connait Road, c'était carrément incroyable. Mais vu la description, c'était impossible qu'elle ait improvisé. Ouaip. Il leva un sourcil, les bras croisés.

« C'est mon grand frère... enfin je crois... »

Bah oui, peut-être que Road avait un sosie et que l'Ishbale et Yuki ne parlaient tout simplement pas de la même personne. Il se rapprocha d'elle de très près pour l'observer d'un air suspicieux. Cette fille était étrange. Elle lui rappelait vraiment quelque chose.

« C'est bizarre, je suis sûr de t'avoir déjà vue quelque part.. j'arrive pas à m'en souvenir... en tout cas, ça grouille d'Ishbals par ici, j'ai loupé un truc ou quoi? »

C’était magnifique, tout avait fonctionné comme sur des roulettes. Aha, abrutit de colonel, tu t’y attendais pas à celle-là ? Hiketsu espérait se faire médailler pour cet acte. En plus de ça, elle avait déjà la médaille, là dans sa petite main, qui brillait et reflétait une ishbale triomphante. Bon certes, elle ne lui avait que dérobé, il pouvait encore très bien la retrouver et la jeter en prison pour qu’elle se fasse exécuter le lendemain. Adieu liberté, adieu rêve de paix et adieu petite montre. Par contre, fallait vraiment pas qu’elle se fasse prendre, elle était trop jeune pour mourir. Malheureusement dans son cas, ce n’était pas son âge qui allait l’aider à ce qu’elle reste en vie. Après tout, ils tuaient des ishbals bien plus jeune qu’elle, alors qu’eux n’avaient rien fait. Ben oui, Hiketsu n’était pas aussi innocente qu’elle n’y paraissait. Elle volait sans arrêt même quand elle n’en avait pas besoin, tuait des militaires et dérobait les montres d’alchimistes d’état. Joli palmarès.

Hiketsu piaillait sur le haut de son toit, tellement heureuse de son larcin. Elle s’admirait dans la montre, remettant ses mèches en place. Oh oui, elle était vraiment fière. Pas tous les jours qu’un ishbal volait une montre ♥ Et puis, peut-être qu’elle allait apparaître dans le journal et qu’elle deviendrait aussi célèbre que Scar et l’ishbale qui envoie les gens dans les murs. Hiket’ se voyait déjà en première page. Quoique nan, pour être en première page fallait une photo, et y avait personne dans le coin susceptible de prendre une photo. Tant pis pour la première page, on se contentera de la deuxième hein. Mais sans photo, comment elle allait savoir qu’on parlait d’elle ? Elle n’avait jamais apprit à lire après tout, et elle se voyait mal arrêter les passants pour qu’ils lui fassent la lecture tout en leur ordonnant de passer au sujet suivant si celui-ci ne la concernait pas.

Perdu dans ses pensées complètement inutiles, Hiketsu ne compris absolument rien à ce que le colonel lui avait dit. Ou alors s’était parce qu’il avait une pomme en bouche. Ah, pour une fois, ce ne serait pas entièrement sa faute. Bon, si elle avait été plus attentive, peut-être qu’elle aurait mieux compris. Ou peut-être pas. Hiket’ se repassait le bougonnement dans sa tête pour tenter de le traduire. Ça voulait bien dire quelque chose non ? Forcément. Il n’aurait pas parlé pour ne rien dire, enfin pas dans cette situation quand même... Enfin, rien ne l’étonnait plus maintenant, il était bien colonel... Alors peut-être qu’au final oui, il parlait bien pour ne rien dire. Ça existait ce genre de gens, y en avait même plus qu’on ne pouvait le penser. Hiketsu n’en avait jamais croisé, mais ça ne démontrait rien.

En fait, heureusement qu’Hiket’ fixait l’alchimiste pendait qu’elle réfléchissait parce que sans ça, elle ne l’aurait jamais vu tendre bizarrement ses mains devant lui. Et sans ça, elle n’aurait jamais eut le réflexe de sauter quand elle sentit l’immeuble trembler sous ses pieds. Aller hop, un deuxième tour dans la poubelle. Elle était abonnée. Ça devenait vraiment lassant. Ceci dit, en y regardant de plus près, elle préférait largement tomber dans la poubelle plutôt que se retrouver écrasée dans les gravats de l’immeuble. Merci petit réflexe, sans vous la pauvre Hiketsu serait retrouvée morte sous les débris. Sa bonne étoile avait du briller aussi. Et elle brillait encore puisque le nain violent avait l’air de ne plus penser à elle pour s’intéresser à une autre personne.

Oh joie. Elle sortit tout doucement de la poubelle et alla se cacher derrière plusieurs débris pour observer et réfléchir à comment sortir de là. En fait, elle n’eut pas le temps de réfléchir, quand elle aperçut le colonel s’approcher de la personne et que la dite personne fut... une ishbale. Son sang ne fit qu’on tour et elle sortit en sautant par-dessus les débris pour agripper le poignet de la jeune fille et partir en courant. La solidarité féminine ET ishbal. Tout ça. Alors qu’elle continuait de courir Hiket' se retourna vers le colonel et lui tira la langue.

-Tu nous auras pas, abrutit d’colonel nain !

Et elle aurait presque rit si elle s’était pas souvenue à quel point il était dangereux. Hiketsu finit par s’arrêter, haletante d’avoir courut autant et en espérant avoir semé le militaire. Elle leva les yeux et observa l’ishbale en vis à vis. Bwa, elle était jeune. Heureusement qu’elle était là pour lui sauver la vie. Ou pas. Peut-être que si elle l’avait laissé et qu’elle-même était partie de son côté, le militaire ne lui aurait rien fait. Mais Hiket’ n’en avait aucune certitude. Alors valait mieux être prudent. Reprenant son souffle, elle fronça les sourcils et fini par lâcher.

-Maah, pourquoi t’as pas fuit quand il t’a vu ? T’as aucun instinct de survie ou quoi ? Nan mais les jeunes de nos jours. Sortant la montre de sa poche et se parlant à elle-même.
Bwahahaha trop fort ♥. Hum désolé. Bref, j’disais quoi d’jà moi ? Ah...Ah wai. Bon, tu dois être assez vieille pour avoir vécu le massacre qu’on a subit ? Donc tu sais qu’il faut rester cacher. Que j’t’y reprenne plus à vagabonder n’importe où !

Instinct de maternité ? Mais elle était tellement jeune, s’était tout à fait normal... Enfin tellement... elle devait avoir quelques années de moins que Hiketsu c’est tout...Seulement quoi, un, deux, trois ans maximum. Enfin, on allait pas lui reprocher de se soucier des gens quand même ?

-Au fait, j’m’appelle Hiketsu et toi ? J’espère qu’tu m’en veux pas trop de t’avoir entraîner comme ça hein ? Enfin, en attendant, on l’a semé.

Ou pas. Il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué...

Voyons voir. En y réfléchissant bien, il allait bien finir par trouver. Il l'avait déjà vue, cette fille, c'était indéniable. Mais où? Pas moyen de s'en souvenir... il n'avait jamais eu une très bonne mémoire, mais là, son instinct le lui imposait, il sentait qu'il fallait absolument qu'il s'en souvienne. La raison... aucune en particulier, lui-même ne comprenait pas vraiment. Peut-être un peu idiot sur les bord, le mini-colonel. Mais qu'est-ce qui aurait bien pu attirer autant son attention pour qu'il se souvienne de chaque trait du visage de cette fille? Plutôt mignonne en tout cas. Il la fixait avec un air béant alors qu'elle lui parlait toujours de Road, prétendant qu'il se portait à merveille. Yuki eut envie de rire ; comment se pouvait-il que son frère se porte bien ? Elle le connaissait mal, ça se voyait. Cela faisait longtemps que Road avait complètement perdu la boule, donc mentalement, non, il n'allait pas bien. Et il aurait été choquant que ça ait changé, il pensait même que pendant quatre ans ça n'avait pu que empirer. Mais si physiquement, il allait bien, alors c'est parfait. Mais pour avoir été trahi par son grand frère, Yuki n'y prêta pas plus attention que ça. Il était plus concentré sur la providence de cette rencontre... et son cerveau commençait à entrer en ébullition tant il réfléchissait, vainement bien sûr... que c'était énervant de ne pas trouver de réponse à ses questions. De ne pas se souvenir d'un truc existentiel. Ça ne l'était peut-être pas. Peut-être qu'il faisait juste une erreur et que cette fille était une parfaite inconnue. Étrangement, il était persuadé que non. Mais impossible de le prouver, vu le trou de mémoire.

Il se perdit tellement dans ses pensées qu'il en oublia carrément l'existence d'Hiketsu. C'était bête, encore une fois, car il aurait été préférable qu'il s'assure qu'elle ait bien une ou deux jambes cassées en tombant du toit... mais elle allait merveilleusement bien apparemment, puisqu'elle déboula de nulle part -ou pas- comme un boulet de canon et s'empara du butin, Nami autrement dit, avant de filer à toute allure. Yuki resta immobile et silencieux, le temps d'assimiler l'information, que son cerveau analyse la situation et que son temps de réaction, une minute, prenne fin... et les deux filles étaient déjà loin. Il eût alors une illumination. À nouveau un intense moment de réflexion. Il s'en souvenait presque, il l'avait sur le bout de la langue. Il ferma son poing et tapa dans la paume de son autre main, les yeux vers le ciel. Bingo. Si on regarde le magnifique paysage qui l'entoure, un décor urbain, un mur détruit, et deux Ishbales qui se tirent sous ses yeux pendant qu'il réfléchit à autre chose... et puis... Mercade. Elle avait foncé dans un mur avec sa bagnole avant de se retrouver à l'hôpital, non? Mais oui. Pourquoi n'y avait-il pas pensé? Il s'en souvenait maintenant, c'était bien elle, la morveuse qui avait envoyé valser sa génialissime Générale dans un mur...

Vu sa situation désastreuse, tomber sur Nami était une véritable aubaine. Pour avoir cassé l'ongle de Mercade, elle était sans doute l'une de ses cibles principales. Et vu ce qu'il s'était passé précédemment dans l'antre du Diable, en plus d'avoir perdu l'abruti de travelo en chemin, c'était une occasion en or qui s'offrait à lui. Quoi de mieux pour éviter le terrible châtiment divin? Pour éviter de devoir nettoyer les toilettes du QG pendant un an? Bon, c'était le Major Yaroslava qui s'était tout ramassé sur la tronche grâce au courage incontestable de Yuki et Roméo, mais ceci dit, il n'avait aucune excuse pour n'avoir pas réussi à empêcher le malheur d'arriver. Alors tant qu'à faire, autant attraper le gros poisson tant qu'il était là et remonter ne serait-ce qu'un peu dans l'estime du... du monstre. Ce n'était pas le fait de remonter dans l'estime de Mercade qui l'intéressait vraiment, en vérité, c'était juste qu'il tenait un minimum à sa misérable vie et... dans ces conditions, elle n'allait pas faire long feu... tout d'un coup, il eut un élan d'affection pour les deux Ishbales, et partit à leur recherche en tourbillonnant sur lui-même. Elles ne furent pas bien difficiles à retrouver, ou alors peut-être était-ce juste l'instinct de survie qui guida Yuki à elles. Il les surprit même en plein milieu de leur conversation. Absolument passionnante soit dit en passant. Et non, elles ne l'avaient pas semé, malheureusement pour elles. Yuki ignora royalement la présence d'Hiketsu, il la bouscula même, et ne chercha pas à comprendre pourquoi elle s'était barrée en entrainant Nami ; il fit quelques pas de danse avant de sautiller joyeusement vers sa pauvre victime, pour ensuite se jeter sur elle et lui faire un câlin étouffant.

« Namiiiiiiiii ! ♥ »

Oui, ça puait l'hypocrisie à plein nez. Mais et alors? Yuki n'était pas quelqu'un de franchement honnête, de toute façon. Pourtant, malgré ce que l'on pourrait croire, il n'avait aucune réelle mauvaise intention. Juste l'envie de sauver sa peau. Et Nami était vraiment un cadeau du ciel. Alors qu'il resserrait son étreinte sur elle, la couvrant de baisers, comme un véritable pot-de-colle, il remarqua son air... déprimé. Qu'est-ce qui n'allait pas? Franchement, il ne voyait pas... cherchez l'erreur...
Il aurait bien rajouté un petit « je t'aime » ou encore « épouse-moi » pour rendre la chose plus crédible -ou pas- mais... l'heure n'était pas à la plaisanterie. Il l'observait avec des yeux globuleux. Est-ce qu'elle allait comprendre le message? Non. Même avec du recul, comprendre la mentalité de Yuki, ce n'était pas à la portée de n'importe qui. Et même de personne, à vrai dire. Sans la lâcher, sans réaliser qu'il allait légèrement lui faire manquer d'oxygène à ce rythme, il lui fit part de ce que tout cet élan d'affection incohérent cachait.

« S'il te plait darling, laisse-toi capturer, c'est pour le bien de l'humanité. »

Et pendant qu'il l'envoûtait de son regard d'un magnifique bleu -selon lui en tout cas- il lui passa discrètement les menottes. Ah, les menottes, merveilles de la création qui permettaient d'empêcher à quelqu'un d'utiliser ses mains... wouhou... sauf que, quand on s'appelle Yuki et qu'on a un gland à la place du cerveau, ce genre de babiole ne sert pas à grand chose. Il ne le remarqua que lorsqu'il lâcha Nami pour aller négocier sa montre d'alchimiste d'état à Hiketsu. C'est idiot, il n'avait pas pensé à prendre la clef qui allait avec. Son petit défaut d'attention lui avait valu de se retrouver menotté avec Nami, génial. Il la dévisagea un instant avec un air mauvais. Comment est-ce que c'était possible d'être aussi con? Pourquoi n'avait-il même pas remarqué qu'il avait attaché une menotte à son poignet? Peut-être parce qu'il était trop emballé. Penser à trop de choses en même temps, c'est pas bon pour son capital santé.

« Mais c'est pas vrai... »

Il s'énerva sur la chaîne des menottes. Être attaché à quelqu'un d'autre, c'était vraiment pas son truc. Mais il abandonna bien vite. Il tapa du pied. Non, des pieds. Il commença à faire sa crise de gamin de cinq ans subissant une injustice. Faire preuve de maturité? Et puis quoi encore... elles allaient le rendre fou, ces deux-là. Puis il pointa Hiketsu du doigt en toute vulgarité, la regardant de haut comme il l'aurait fait avec un clébard.

« Hé toi, ronge ça ! »

Il voulait bien sûr parler des menottes. Il faut bien utiliser les derniers recours quand on ne sait plus quoi faire... ceci dit, il n'attendait plus grand chose de la part d'Hiketsu. Pas étonnant.