| Sin's Book |

Au premier temps du péché : La méprise de l'Homme.

Tout commença un soir d'été. La journée avait été chaude et ensoleillée, agréable, comme seuls le sont les jours estivaux. Pourtant, le soir venu, de gros nuages noirs venant de l'Ouest avaient commencé a obscurcir le ciel, devenant alors menaçant, avant de déverser pluie et tonnerre sur toute la vallée. Le vent soufflait en tempête, et les éclairs déchiraient la voute céleste, recouverte d'un épais et terrifiant voile de nuages cotonneux et d'un gris bleuté. Ce soir là, juste avant que l'orage ne se déclare, Tristan, le fils du médecin du village, descendait la colline Est, s'apprêtant a traverser le petit bois qui menait tout droit chez lui, au centre d'un petit village. Il était parti, tôt dans l'après midi, chercher chez une vieille herboriste du village voisin, quelques décoctions médicinales pour son père, dont l'armoire a pharmacie était vide. Le jeune homme, venait de fêter ses dix neuf ans il y a quelques semaines. C'était un garçon insouciant, gentil, travailleur et sincère. Tous au village l'appréciait grandement, surtout les filles, qu'il s'amusait a faire languir, plus par jeu que par méchanceté. Mais ce garçon, aimé de tous, allait en ce soir d'orage disparaître à jamais ...
L'orée de la foret atteinte, il pénétra celle ci, alors que la pluie commençait à tomber. Le tonnerre grondait légèrement, de manière sourde et tenue, prémices de l'orage qui se préparait. Accélérant le pas en entendant cela, histoire de rentrer le plus vite possible avant que le gros de l'averse n'arrive, Tristan se retrouva bien vite au cœur de la végétation, empruntant l'unique chemin, étroit et boueux, qui serpentait à travers les arbres à la haute ramure sombre du bois. Le vent, de plus en plus violent et vigoureux, faisait frémir les feuilles, mais n'arrivait pas à pénétrer l'épaisse végétation. Cependant, son souffle était assez puissant pour rendre sourd à tout autre bruit le pauvre Tristan. Il n'entendit alors pas l'homme qui arrivait à sa hauteur. Tête baissée pour se protéger de la pluie, le jeune homme se heurta contre l'individu qui se dressait devant lui. Relevant les yeux, il remarqua qu'il s'agissait du vieil alchimiste qui vivait en retrait du village, celui que tous qualifiaient de « vieux fou ». Pourtant, il n'avait pas l'air si fou, comment un alchimiste pouvait être fou ? Le pauvre garçon allait bientôt le savoir. Alors qu'il s'excusait pour ne pas avoir fait attention où il marchait, l'homme, le regard noir et l'expression de la folie s'emparant de son visage, brandit un large couteau, dont l'éclat argenté reflétait les éclairs qui désormais zébraient le ciel, illuminant les environs un court instant. Tristan, releva alors la tête, voyant l'instrument qui allait le transpercer, et eut à peine le temps de hurler, hurlement qui s'étouffa dans le tonnerre, que le couteau s'abattit. Un seul coup et quelques minutes suffirent, et Tristan quitta ce monde, pour toujours.

Au deuxième temps du péché : La Tentation du Fruit.

Le vieil Ernest ouvrit la porte en bois brun de sa maison dans un grincement sourd. Il faisait presque nuit noire dehors, et l'orage et la tempête typiques des étés chauds battaient leur plein. Ernest traina son fardeau jusqu'à l'intérieure sombre de la demeure, avant de la déposer sur le tapis du petit salon où il ne semblait pas y avoir de meuble. Puis, libéré de son poids, il alla refermer sa porte, la fermant à clef dans un légers cliquetis. Enfin, il tira tous ses rideaux, évitant ainsi les regards indiscrets venus de l'extérieur avant d'allumer la lumière. Il serait dommage de tout gâcher maintenant pour avoir juste oublier de fermer les rideaux, surtout après tous ces mois de préparations et tout le mal qu'il s'était donné à mettre en œuvre cette nuit qui marquerait à jamais les esprits et l'histoire de l'alchimie. Les yeux pétillants d'excitation, le vieil homme posa son regard sur la masse sans vie qui gisait au sol, sur le tapis. Cela faisait des mois qu'il cherchait le corps idéal, et il l'avait enfin trouvé en la personne de Tristan, le fils du médecin. Maintenant, il avait l'élément manquant, et il pouvait enfin accomplir l'acte qui allait faire de lui l'égal de Dieu. Un sourire de pure folie fendit ses lèvres, tendit qu'il s'approcha de la table de salon, qui avait été déplacée contre le mur du fond de la pièce, permettant ainsi de libérer l'espace au centre. Sur cette dite table, il y avait un tas de choses, des éléments chimiques (eau, carbone, sel et autres ..) mais aussi diverses craies, des règles, des instruments de mesures, et des livres. Le vieil Ernest pris une des craies et ouvrit le plus gros des livres à la page gardée par un marque page. Là, un cercle était dessiné, et sans plus attendre, le vieil homme s'affaira a reproduire le cercle de transmutation à même le parquet de sa maison, en vingt fois plus grand. Il s'appliqua sciemment, puis, après une quinzaine de minutes, le cercle fut fait. Les choses sérieuses allaient commencer. Il plaça le corps du jeune homme au centre du cercle, ainsi que les divers éléments chimiques, préparés avec soin et selon des quantités précises. Enfin, il posa ses mains sur le cercle, inspira un grand coup et débuta la transmutation. Ernest savait que créer un humain vivant était dangereux et quasi impossible si on suivait le principe d'échange équivalent. Oui mais voilà, le vieil homme pensait avoir trouvé la solution à ce problème. S'il offrait le corps du défunt garçon, contre la création d'un nouveau corps identique mais en vie, alors son expérience ne pourrait que fonctionner ! Et il serait le premier alchimiste a avoir ressuscité un mort ! Pure folie que la folie des hommes. Et le vieil Ernest, malgré ses calcul, ne pu échapper aux lois inviolables de la nature. En plus d'avoir offert le corps défunt d'Alexander, l'alchimiste fut privé de sa langue et d'un poumon ! Ce fut le prix a payer pour obtenir l'immonde créature à peine viable et humaine qui agonisait devant ses yeux. Le spectacle était insupportable. Et alors, l'immense porte repris le fruit de l'interdit ...

Au troisième temps du péché : Le Fruit Interdit du Péché.

Il ouvrit les yeux, éblouit par la pâle clarté du matin. Tout était flou autour de lui, ses yeux lui piquait, et sa tête lui tournait. De longues minutes passèrent avant que sa vision de devienne plus nette, assez en tout cas pour détailler ce qui l'entourait. Qu'était ce ? Des feuilles ? Des arbres ? Il se redressa subitement, se retrouvant alors assis au milieu de fourrées qui lui arrivaient au milieu du torse. Il se trouvait dans une clairière, illuminée de couleurs pastelles, avec une forte dominante de vert, toutes nuances confondues. Ce serait presque magique pour quiconque arriverait ici, mais lui n'en releva nullement le côté enchanteur, non, il était totalement déboussolé et perdu. Que faisait il ici ? Quel était cet endroit ? Comment était il arrivé là ? Et d'ailleurs ... Qui était il ? Tant de questions taraudaient son esprit et si peu de réponses lui venaient. Ses vertiges reprirent de plus belle. On aurait dit qu'il venait de tourner à très forte vitesse sur lui même durant plusieurs longues minutes, si bien qu'il en avait des nausées. Soupirant, il s'écroula au sol, ou il finit bien vite par se rendormir ... Ce n'est que le lendemain qu'il revint à lui. Et le décors avait changé. Il était dans une pièce sombre dont les murs étaient lambrissés. Scrutant les alentours, il remarqua qu'il était dans un lit, sous une couverture moelleuse, bien qu'un peu miteuse, et qu'il était nu comme un ver. Il n'eut pas le temps de se poser de question, que la porte de la pièce, qui se trouvait sur sa droite s'ouvrit, laissant entrer de la lumière. Une ombre se dressa alors dans l'encadrement de celle ci, une ombre qui bien vite pris l'apparence d'une vieille femme. Le visage ridé, les cheveux grisonnants tirés en un chignon haut, un joyeux sourire sur le visage, elle fut agréablement surprise de vois le jeune homme dans le lit qui la fixait, des points d'interrogation plein les yeux. Elle lui déposa un plateau de nourriture sur la table de chevet à côté de son lit, puis, s'installant sur une chaise non loin, elle entrepris la discution. Bien vite, elle lui expliqua qu'elle et son mari l'avaient trouvé, totalement dénudé, endormi dans la clairière ou ils étaient partis ramasser des brindilles pour la cheminée. Elle lui raconta aussi comment ils l'avaient ramené chez eux et que depuis hier, il dormait à poings fermés. Il avait tout écouté, et bien qu'elle ait répondu à certaines de ses questions, le néant était encore important dans sa mémoire, et beaucoup de mystère restait non résolu. Alors que le silence retombait, la vieille dame se leva, et s'apprêta a sortir. Puis, s'arrêtant sur le pas de la porte, elle affirma au jeune homme qu'elle trouvait son tatouage dans le dos très joli, puis elle ferma la porte. L'obscurité retomba. Un tatouage avait elle dit ? Tant bien que mal, il se redressa et sortit du lit. Il était encore faible, et ses jambes semblaient faites de coton. Une fois debout et l'équilibre approximativement trouvé, il déambula jusqu'au grand miroir qui se trouvait à l'autre bout de la chambre. Là, il regarda dans son dos du mieux qu'il pu. Et il la vit, la marque, le tatouage rouge dont avait parlé la dame. Qu'était ce donc ? Encore des questions ... Soupirant, il se recoucha. La nuit venue, il s'enfuit, et c'est un lit vide que retrouva le lendemain la vieille dame.

Au quatrième temps du péché : Tentation, le Péché Originel des Hommes.

Plusieurs jours durant, il erra, incapable de comprendre les événements récents. Il dormait peu, incapable de sommeiller plus de quelques heures. Son esprit était incessamment infesté d'interrogations multiples et de questions existentielles. Malheureusement, jamais les réponses ne lui vinrent, alors il errait, cherchant quelqu'un ou quelque chose capable de lui apporter la lumière sur tous cela. Cette lumière ne lui vint qu'une semaine après son réveil dans la foret. Alors qu'il s'était réfugié dans une grotte, pour se protéger de la pluie, une femme, plutôt élégante, vint à sa rencontre, l'abordant comme si elle le cherchait depuis un petit moment. Au début il se méfia, n'ayant pas confiance en elle, mais il suffit à la demoiselle, qui s'était présentée comme se nommant Dante, de prononcer une seule phrase, pour qu'il accepte de l'écouter :

« Je sais ce que tu es, et tu veux le savoir n'est ce pas ? »

Il acquiesça, et sagement, il s'assit sur un amas de roche, écoutant la femme. Elle lui avoua qu'il était en fait un Homonculus, un être humain artificiellement créé par un alchimiste suite à une tentative ratée de transmutation humaine. Elle lui précisa aussi qu'il ne pourrait se révéler réellement comme tel que s'il mangeait de petites pierres rouges qu'elle lui présenta. Enfin, elle lui dit, sur une ton reflétant une grande gentillesse, que s'il voulait, il pouvait la suivre, et qu'elle lui offrirait un toit et une famille. Il lui fallut un moment pour avaler toutes ces informations, qu'il accepta assez facilement. Puis, après une brève réflexion, qui dura tout de même un certain temps, durant lequel il posa un tas de question à la dite Dante, il accepta les pierres qu'elle lui proposait de mangea, et bien qu'il hésita pour la première, une fois qu'il l'eut gouter, il avala goulument les autres. La transformation fut assez douloureuse, mais le résultat fut plus que bien venu. Il se sentait fort, vivant, calme et serein. Toutes les questions dans sa tête avaient disparu, et tout était parfaitement clair dans son esprit désormais. Il posa son nouveau regard sur Dante et lui promis de la servir et de l'aider à fabriquer ce qu'elle lui avait dit qu'elle désirait, la pierre philosophale. En récompense de quoi, elle lui offrit un toit, une famille, un nom, et l'espoir qu'un jour peut être, il deviendrait un véritable humain ...

« Bien ! A partir de maintenant, tu te nommeras Sin, incarnation du péché Originel des Hommes, la Tentation ... »

C'est ainsi que Sin, la tentation incarnée naquit. Aujourd'hui, l'homonculus à pour but de devenir humain, comme ses « frères et sœurs ». Il fera tout ce qui est en son pouvoir pour y parvenir, quitte a anéantir des centaines de vies humaines pour cela ...